Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un Monde d'avance Rhône

Un Monde d'avance Rhône
Archives
Newsletter
Catégories
1 septembre 2009

Table ronde Penser l'avenir (Université d'été du PS) 2e partie

Publicité
1 septembre 2009

Penser l'avenir Table ronde Université d'été du PS

30 août 2009

Une politique européenne des revenus pour plus de croissance et de justice

L’Europe a besoin d’une politique commune des revenus qui améliore les perspectives de croissance et de justice sociale.  L’élargissement de l’Union Européenne (UE) à des pays relativement pauvres a entraîné une nette détérioration de la répartition des revenus au sein de l’UE. Quand des acteurs aussi différents comme les pays de l’Union élargie sont en concurrence directe au sein d’un même espace économique, il faut s’attendre à des conflits de répartition, à des processus d’adaptation douloureux et à des crises de la demande. 
Face à cette situation, Michael Dauderstädt, directeur du département de politique économique et sociale des Fondation Friedrich Ebert, plaide pour une politique européenne des revenus basé sur un système intelligent de salaries minima.


télécharger la note : Dauderstaedt

 

30 août 2009

Nos futurs (Tribune de Pouria Amirshahi)

De ce fait, l’Etat providence a été mis hors jeu et son soubassement social-démocrate avec. Après quelques sentences cyniques sur la mort du capitalisme, prononcées le plus souvent par ses serviteurs soudains zélés pour le moraliser, chacun s’est finalement contenté de la mise au coffre du banquier Madof : le coupable étant trouvé, la Machine, cette folie qui gangrène la planète entière, peut repartir de plus belle. A la recherche permanente de gains déments et immédiats, les profiteurs voraces ne se préoccupent même pas de savoir qu’ils ont engendré le pire : à ce rythme, nos jours sur cette Terre sont peut-être comptés.

Au fond, pourquoi militons-nous à gauche ?

Si le modèle capitaliste est explicitement le contrepoint de notre projet d’émancipation, l’anticapitalisme ne signifie rien de plus que ce qu’il proclame. Autrement dit, il reste un slogan pauvre. L’anticapitalisme, comme rejet de l’exploitation économique de la masse des hommes et des ressources naturelles par une poignée de propriétaires est essentiel mais ne suffit pas à dessiner un projet politique d’émancipation des hommes et particulièrement des femmes, premières victimes des désordres du monde et des rapports de domination. C’est précisément la question de la perspective, de l’autre monde – de ses contours, de ses buts, de ses moyens (y compris pour déposséder les possédants, moyen que ne pensent plus les socialistes) - qui doit être au cœur de notre propos.

Que combat on ?

Santé, éducation, communication, justice, alimentation, logement etc. ce que déconstruit méthodiquement le libéralisme mondialisé ne porte en germe rien d’autre que la déshumanisation des rapports sociaux et peut-être même le chaos social et politique pour de longues années. Aujourd’hui, la soumission de nos industries aux logiques d’argent déshabille l’Europe et augure d’une incapacité prochaine à assumer concrètement l’indépendance et l’unité du continent européen, déjà mise à mal par la concurrence institutionnalisée entre les peuples. En pleine crise, les sommes versées dans les banques ou les entreprises de construction automobile, comme on verse l’eau dans le tonneau des Danaïdes, sont sans contrepartie : chaque euro donné est ainsi un euro donné gratuitement par le contribuable, obligé de s’en remettre à l’honnêteté économique des bénéficiaires et, peut-être, à des temps meilleurs… Le pouvoir politique lui-même devient l’un des meilleurs agents des intérêts de quelques-uns. Pendant ce temps, la cohorte des sans emploi qui vient allonge la liste de ceux qui n’auront bientôt plus rien à perdre…

Le pouvoir en place inquiète aussi de plus en plus démocrates et républicains : fichiers généralisés, procédures de justice expéditive, pratiques policières agressives (arrestations spectaculaires, rafles, contrôles arbitraires), chasse aux immigrés pauvres, pénalisation de l’enfance délinquante, discours sur les prédispositions génétiques… C’est tout l’espace européen qui est percuté par ces dérives. Les mises au pas des contrepouvoirs institutionnels et médiatiques en disent long sur les dérives liberticides en cours, comme s’il s’agissait d’empêcher toute réaction organisée et durable des classes sociales qu’on appauvrit par ailleurs… Pendant ce temps, les dérives racistes en Italie et en Grèce inquiètent. La persistance de l’extrême-droite en Autriche à un haut niveau fait peur. Bien d’autres signaux nous alertent et la liste des ombres inquiétantes est longue.

C’est dans ce climat d’insécurités, souvent construites volontairement, que le parti de l’ordre fonde sa légitimité.
La droite libérale et autoritaire fonde ainsi sa politique sur cette double agression : le pouvoir aux riches d’abord ; le pouvoir au Pouvoir ensuite.

D’abord, donner du Sens :

Jamais la civilisation humaine n’a atteint un tel degré de connaissances, de savoirs, de technologies, de techniques, de sciences, de médecine susceptibles de faire le bien commun ; la droite reste ontologiquement incapable de répondre à cet enjeu de civilisation alors que la gauche doit précisément incarner la dignité de l’Humanité.

Nourri de toutes ses écoles (et l’écologie politique en est désormais une à part entière) le but du socialisme est triple : l’indépendance du Monde, l’émancipation du genre humain et l’épanouissement de l’individu, chaque horizon étant consubstantiel de l’autre. Ce qui signifie aujourd’hui : remettre en cause le modèle productiviste ; réduire les écarts de revenus en augmentant réellement la rémunération des travailleurs dans le monde ; refonder la notion de propriété en économie ; dépasser les historicités guerrières pour tendre vers l’unification du monde…bref aller à l’idéal. En précisant à cette étape qu’un tel dessein n’aura de portée réelle que s’il établit in fine, en fait et en droit, l’égalité des femmes et des hommes, et lutte contre les rapports de dominations sociaux, collectifs et individuels.

Parce que nous nous situons dans une perspective universelle, nous revendiquons un parlement démocratique – et donc aussi un gouvernement - mondial. On ne peut vouloir l’unification du Monde et rester paralysé à l’idée que les résolutions des Nations unies sont, pour les plus essentielles, des lettres mortes. On ne peut souhaiter l’indépendance du Monde et accepter sa prise en otage par des intérêts privés. On doit pouvoir hisser haut l’idée d’une monnaie commune (les Chinois ont soulevé ce thème récemment en suggérant l’hypothèse d’une monnaie de réserve mondiale), et pourquoi pas unique à terme ? On doit reposer la question de l’appropriation des biens ou des industries essentiels à notre vie et à notre civilisation que sont l’air, l’eau, l’espace et ses planètes, le pétrole, le gaz, les transports, les télécommunications, les banques etc. en inventant par exemple des consortiums publics, locaux ou mondiaux.

Défaire le mensonge de Tina (« There Is No Alternative ») :

Les pouvoirs actuels nous expliquent tranquillement que nous allons devoir nous résigner à vivre moins bien qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, quand la moitié du monde n’était qu’un champ de ruines sur lequel nous avons pourtant su construire dans de nombreux pays le plus beau système de solidarité entre les hommes : la sécurité sociale. Ce simple exposé (« vivre moins bien dans un monde plus instruit et plus riche ») est à la source du bug mental qui est train de s’opérer dans les esprits : les explications qu’on nous fournit pour justifier le recul de notre condition d’animal civilisé ne sont tout simplement pas possibles à l’aube du XXIème siècle. A l’évidence, le pouvoir et les puissants mentent : tout ou presque existe aujourd’hui pour construire le bien commun de chaque être humain sur la Terre. L’instruction, l’accès à l’eau, l’accès aux soins et aux médicaments, l’accès à un logement desquels sont aujourd’hui exclus des milliards de citoyens sont des rêves accessibles en quelques années. L’argent existe, pour s’en convaincre il faut s’arrêter un instant sur quelques chiffres. Ceux de la France suffisent à la démonstration : le salaire moyen des 50 premiers patrons en 2007 s’établit à 383 000 euros soit 310 fois le Smic et il a augmenté de 58 % ; 10 % de la population possède 50 % du patrimoine ; les entreprises du CAC 40 ont réalisé 100 milliards de bénéfices en 2008 ; les employeurs bénéficient de 60 milliards d’allègements fiscaux ; les fameuses niches fiscales s’élèvent à 72 milliards ; 320 milliards de caution aux banques ; 15 milliards de bouclier fiscal ; notons enfin que les 500 « premières » familles ont gagné 80 milliards de plus en 2007 qu’en 2006. Sans doute les caisses de l’Etat se vident tandis que les poches de quelques nantis se remplissent, mais qui a opéré le transfert de nos richesses vers ces gras fainéants ? Heureusement pour eux, on ne met plus les têtes au bout d’une pique, mais si nous étions encore au temps de la Grande Révolution française ils subiraient un mauvais sort…

La fin du productivisme ou la reconnaissance de l’utilité commune en économie.

La catastrophe écologique et la crise économique viennent mettre en question la survie même de la Terre et de ses espèces vivantes. Les conséquences sociales se précisent, s’aggravent ; les solutions politiques se cherchent… mais pour quel modèle de développement ? Nos sociétés sont inondées d’objets inutiles, leur production et leur circulation même deviennent destructrices et polluantes. Quant aux processus de fabrication, malgré des normes sanitaires et chimiques de plus en plus exigeantes en Europe, ils tuent à la tâche : dans les pays occidentaux, on meurt plus des AVC que des coups de grisou désormais. Dans les autres pays, comme en Chine, on met les hommes en situation d’exploitation proches parfois de l’esclavage pour répondre aux « demandes » du Système. Tous les pays du monde sont au diapason de ce productivisme qui est en vérité devenu un obstacle au développement : ces fondements de civilisation humaine que sont les métiers et les artisanats, du commerce à l’agriculture, sont obligés de se soumettre (monocultures criminelles, standardisation des valeurs éphémères et superficielles, négation de la culture…), condamnées à se renier jusqu’à disparaître.

C’est ce qui fonde notre économie depuis plus de deux siècles : produire toujours plus en privilégiant une logique de l’offre au moindre coût possible pour le propriétaire : et l’exploitation capitaliste fut. Pourtant, l’addiction à la croissance productiviste montre ses limites : aggravation de la grande inégalité Nord-Sud, crise climatique, épuisement des ressources naturelles, crise alimentaire, sociale. L’accumulation des biens matériels n’a finalement produit ni bonheur collectif ni épanouissement individuel. Il est temps de mettre en avant autre chose qu’une seule croissance, qu’une relance de la consommation ou qu’un simple hausse du pouvoir d’achat qui ne font que renvoyer l’homme à sa condition de consommateur, d’acheteur potentiel plus ou moins comblé par le montant de son salaire, quand il en a un.


Il faudra dépasser cette contradiction : d’un côté, la planète autant que nos techniques et nos connaissances pour maîtriser rationnellement la nature suffisent largement à couvrir les besoins de tous ; d’un autre côté nos cultures économiques produisent et consomment plus que la planète ne peut le supporter. Le mouvement socialiste ne sera régénéré qu’à l’aune de cette critique du productivisme et du consumérisme et à la condition de poser les bases d’un autre modèle de développement.

Remplacer le productivisme par l’utilité commune, répondre à l’exigence d’une économie raisonnée : c’est cet axe politique qui fondera le socialisme moderne. Sur quoi se fonde l’utilité commune ? Sur les besoin de chacun d’une part (arrêt de la surproduction et de la surconsommation, développement des économies locales autosuffisantes, etc) ; sur l’intérêt général d’autre part (normes sociales et environnementales hautes).

Contre le vol de propriété : coopérative conte SA

La plus grande escroquerie du capitalisme a consisté – postulat originel - à mettre sur le même plan toutes les notions de propriété, au nom du Droit imprescriptible à la propriété privée : la propriété de l’individu (sa maison, sa voiture, sa montre, …) avec la propriété des entreprises (c’est-à-dire les outils, la force de travail humaine et les capitaux qui leur seraient nécessaires). Ce droit de propriété s’est même étendu très tôt aux biens de premières nécessités et aux ressources naturelles (l’eau, le gaz, le pétrole, le métal, etc). L’inégalité a ainsi trouvé un fondement juridique supérieur à tous les autres puisqu’il s’agit d’un Droit de l’Homme : le Droit de propriété. Le consensus de Washington a achevé, dès la chute du communisme en 1989, de sécuriser les droits de propriété privée parmi les principaux préceptes de l’économie libérale imposée aux Etats par la Banque Mondiale et le FMI. C’est ainsi que nul ou presque n’a résisté aux vagues de privatisations, c’est-à-dire de transferts de ressources collectives au bénéfice de quelques uns.

La question posée à la gauche est ainsi formulée : y a-t-il un quelconque archaïsme à exiger qu’avant même de parler du partage soit posée la question de la nature même de la propriété économique dans nos civilisations ? Que l’individu jouisse de son droit à la propriété individuelle n’est certes pas contestable. Mais que peut-il posséder pour lui ? Ou plutôt, que ne peut-il pas posséder ? Arrêtons-nous par exemple sur le sujet de l’eau. Quelle morale autorise un groupe d’homme à posséder 60 % des bénéfices de l’exploitation de la vente de l’eau ? Quelle autre morale justifie qu’à ce vol s’ajoute l’insulte faite à près de 3 milliards de personnes qui n’ont guère accès à une eau saine ? Avançons d’un pas : pourquoi une entreprise d’intérêt général (dans le domaine des postes, de l’énergie, de la santé par exemple) appartiendrait à une poignée d’actionnaires en lieu et place de l’Etat (c’est-à-dire des citoyens) si ce n’est pour satisfaire les intérêts illégitimes d’une poignée d’ennemis de l’humanité ? Bref : n’est-il pas temps d’assumer à nouveau sans complexe la propriété publique dans l’économie : locale (régies par exemples), nationale (Etat) ou supranationale (consortiums publics financés par les Etats) ? Allons encore plus loin : pourquoi les entreprises privées n’auraient pas comme principe économique le partage à parts égales de la valeur de l’outil de production ? Après tout, une entreprise devrait d’abord refléter l’esprit de coopération entre les hommes (idéal socialiste) et non la subordination du plus grand nombre à quelques uns (modèle capitaliste).

Autrement dit, pourquoi renvoyer sans cesse à la marge d’un improbable « Tiers-secteur » ce qui devrait être une norme économique centrale ? Bien entendu se poserait alors la question de la spoliation, sans doute réelle, de petits patrons ni riches ni cupides qui ont fait dépendre leur propre vie des investissements nécessaires à la création de leur entreprise. Il faudrait sans doute pour ceux-là – dont l’intention manifeste n’est pas de voler – une période (sans doute une génération) ou une juste compensation pour leur faire accepter l’idée que l’entreprise devient la propriété partagée de tous ses utilisateurs. Sans doute aussi certains modèles d’entreprises « privées » seront hors champ coopératif, mais cette fois à titre exceptionnel. Bref, la gauche devra défendre à nouveau la propriété publique et la propriété sociale comme normes de propriété économique principale. La remise en cause de la propriété privée comme pilier central de l’économie de marché ne signifie nullement la fin du marché, mais sa transformation profonde, ontologique, autour de l’homme. Car il y a toujours eu, depuis le troc jusqu’à nos jours, à travers tous les régimes, un marché, c’est-à-dire un système d’échanges de biens basé sur la valeur de ces derniers. Ce n’est donc pas le marché qui est en cause mais la nature du marché.

Relocaliser l’économie, protéger les économies locales

Les besoins d’expansion des grandes sociétés capitalistes ont été rendus définitivement possibles avec la Chute du Mur de Berlin ; encore a-t-il fallu faire sauter tous les obstacles à un tel dessein : les Etats, ou plus exactement leurs frontières (économiques). C’est ainsi que le libre-échange s’est imposé comme une des principales vertus du monde moderne…avec les conséquences catastrophiques que l’on sait. Une fois la barrière douanière défaite, le mécanisme devient d’une extrême simplicité : les grandes firmes produisent leurs marchandises là où la main-d’oeuvre est la moins chère et l’écoulent là où le niveau de vie permet des marges extraordinaires.

Dans le domaine agricole, la surexploitation des terres arables va être aggravée par les exigences nouvelles bientôt imposées en matière d’agro-carburants avec des conséquences de pollutions des sols qui risquent d’être catastrophiques…et nuire in fine à la possibilité même de développer des agricultures saines. Là encore, les Etats les plus faibles vont être inondés des produits agricoles pour la satisfaction non des besoins essentiels des hommes mais des appétits des grandes compagnies.

Mettre un terme à ce système implique d’agir principalement dans deux directions :

relocaliser les productions, qu’elles soient manufacturières, de services ou agricoles afin de tendre, autant que faire se peut, vers l’autosuffisance, les échanges commerciaux devant se limiter à ce qui n’est guère « productible » in situ (autrement dit, inutile de manger des fraises en hiver).

Taxer très fortement les importations de produits concurrentiels, c’est-à-dire instaurer un protectionnisme économique intelligent, respectueux des normes sociales et de l’environnement.

Choisir l’immigration plutôt que l’immigration choisie.

200 millions de personnes migrantes à travers le Monde aujourd’hui ; sans doute près d’1 milliard d’ici 2050, c’est-à-dire demain. 1/10ème de la population mondiale sera déplacée, contrainte de trouver ailleurs le minimum qui ne sera plus accessible sur leur terre d’origine : le pain, le travail, la terre ou même la paix. L’Europe pourra toujours construire ses forteresses, rien n’empêchera des millions de gens de tenter une intrusion légitime vers le pays d’une seconde chance. Il faudra accueillir. La légalisation de l’accueil est d’ailleurs le seul moyen efficace de lutter contre le travail au noir, c’est-à-dire contre le nivellement des salaires par le bas du fait de la pression exercée malgré eux par les sans papiers sur les autres travailleurs. Cette stratégie patronale ne cessera qu’à la condition de rendre impossible ce chantage salarial.

Mais ne nous leurrons pas avec de fausses peurs : c’est d’abord dans les pays pauvres que les dérèglements démographiques seront les plus explosifs, pour la simple raison que la très grande majorité des migrants vont d’abord s’installer … le plus près possible de leur pays d’origine ; ce qui est déjà le cas aujourd’hui. Le flux migratoire Sud-Sud, déjà plus important que le flux Sud-Nord, ne va cesser de croître et aggraver ainsi la situation explosive des pays les plus pauvres. Or, laisser la gestion des flux migratoires dans les seules mains des relations bilatérales ne peut déboucher sur rien d’autres que la perpétuation d’une politique qui se révèle désastreuse : hermétisme officiel des frontières d’un côté, pillage des cerveaux de l’autre. C’est pourquoi il faut donner à une agence mondiale de l’immigration les pouvoirs de gérer les demandes de migration, et de mettre en relation ces dernières avec les capacités d’accueil de chaque pays viable.

Pour la démocratie

L’idée démocratique – en fait la démocratie libérale – recule en même temps qu’elle fait la démonstration de son impuissance relative. En réalité, la délibération collective n’est pas, même quand le peuple la délègue à ses représentants. Ces derniers décident de moins en moins, sauf le plus souvent pour défaire l’intérêt général ; et pour cause : ils ont eux-mêmes organisé leur propre affaiblissement politique en transférant au privé ce qui relève de l’autorité du vote. Combien de hautes autorités, de comités Théodule qui servent de prétexte pour engager les mesures les plus scélérates ? Pire, même quand le peuple s’exprime directement, les dominants - battus par les français, les néerlandais et les irlandais sur les référendums européens – ne trouvent rien de mieux que de décréter la souveraine décision nulle et non avenue ; et de repasser par le parlement acquis à leurs thèses ou d’exiger du peuple qu’il revote jusqu’à satisfaction de la Cour. On ne se représente sans doute pas encore les conséquences catastrophiques d’un tel déni de démocratie car même l’idée de changement par le vote paraîtra finalement inutile, en écho au sentiment d’abandon, de non-respect des promesses, voire de trahison que ressentent objectivement les électeurs.

Il faut d’urgence penser la démocratie nouvelle, celle où rien ne se fait contre l’Homme et où tout se fait par lui, celle où le contrôle par le peuple et/ou ses représentants est effectif, où la sanction est réelle. Inutile de redire longuement ce que la pensée démocratique a déjà exposé à notre jugement depuis les Lumières : élections proportionnelles, une assemblée délibérante et seule législatrice au nom du peuple, un exécutif chargé de l’application des lois et de la représentation de la Nation, une Justice rendue par des magistrats fonctionnaires, etc.

A l’échelle du Monde, le déni de légitimité de l’expression collective est évidemment rendue possible par la marginalisation croissante de l’ONU au profit d’instances ad hoc (mais faites pour durer) comme le G 20 ou d’organisations qui ne sont nullement préoccupées par le développement humain (c’est plutôt l’obsession de la croissance capitaliste qui hante le FMI) ni par la coopération entre les Hommes (OMC) : ces lieux ne sont rien d’autres que les lieux où les riches et les puissants prennent les décisions qui leur conviennent ou les dérangent le moins.

En matière de renouveau démocratique, le mouvement socialiste devra particulièrement insister sur trois questions, nouvellement posées à l’aune de la mondialisation libérale :

l’invention d’une démocratie mondiale, c’est-à-dire refonder l’ONU, poser la perspective d’un gouvernement du Monde et faire suite à l’une des principales revendications progressistes modernes : la transparence de la diplomatie et des prises de décisions, fondées elles-mêmes sur des principes de coopération et de progrès et non de domination et de contrôle des ressources mondiales par quelques nantis.

la lutte contre le pouvoir des entreprises privées de médias et de communication, dont la médiocrité est mise au service d’une dangereuse dépolitisation, principale garantie de longévité des puissants de ce monde

l’association la plus étroite des citoyens aux décisions qui les concernent, via leurs organisations collectives, leur participation directe ou leur vote.

Une gauche décomplexée, c’est quoi ?

On sait que les possédants ne se laisseront pas déposséder avec le sourire. La gangrène mafieuse, légale ou non, est prête à tout pour empêcher sa marginalisation des circuits d’enrichissements qui font leur pouvoir et leur domination. C’est une des raisons majeures pour lesquelles le changement passe pour fondamentalement impossible dans l’opinion commune : fuite des capitaux, troubles sociaux, puissants inaccessibles et surprotégés par des hommes-fusibles et des moyens de protection démesurés, connivences des classes dirigeantes, etc. tout est dit pour faire du rêve républicain une chimère. Un des désastre intellectuel qui mine la pensée contemporaine est la culture du discours complexe : chaque proposition est immédiatement annulée par la suivante. Prenons un exemple : « il faut garantir aux français le droit à la retraite à 60 ans ; mais il faut prendre en compte la pénibilité du travail ». Soit il s’agit de rétablir les droits à la retraite dès 55 ans que la droite a supprimés pour certaines professions (instaurées justement au nom de leur … pénibilité) ; soit il s’agit de faire dès la deuxième phrase une entorse au principe préalablement posé. Comme les français ne sont pas les abrutis qu’on veut bien nous vendre, ils ont parfaitement compris vers où penchait la balance, a fortiori quand ils ont entendu l’incroyable propagande des « experts » du Régime. Ce genre d’énoncés complexes, que des socialistes ont parfois adoptés comme clé de raisonnement dans bien d’autres domaines, est le signe que la pente du renoncement a été bien engagée. La première des tâches consistera donc à affirmer nos idées avec clarté, c’est-à-dire à assumer ce qu’elles impliquent comme affrontement politique, comme rupture systémique, comme effort de pédagogie. N’oublions jamais que gagner une bataille politique passe par aussi par le souci de « gagner les esprits ». La droite a, mieux que la gauche, formidablement su utiliser les préceptes de Gramsci en matière de bataille culturelle.

Il nous faut non seulement convaincre de la justesse des idées sociales mais aussi faire la démonstration qu’elles sont réalistes. Autrement dit, comment allons-nous nous y prendre ? Avec quelles lois, assorties de quelles sanctions, et quelles garanties de pérennité. Si nous restons sur l’exemple de la retraite, il est évident que nous avons largement les moyens de garantir à tous nos concitoyens de plus de 60 ans une retraite digne. Il faudra pour cela transférer une partie des ressources des plus riches vers les droits sociaux (comme d’ailleurs vers les services collectifs). Ce qu’il faut dans cette affaire, c’est montrer notre détermination à oeuvrer pour le droit au bonheur des êtres humains, sans jamais transiger sur l’objectif, sans jamais renoncer à la coercition par la Loi en cas de confiscation par une poignée d’individus de la possibilité même que le plus grand nombre ait accès concrètement à ce droit.

Cette même détermination devra être affichée dans quatre autres questions en particulier :

l’échelle des revenus : au nom de la morale la plus élémentaire, les êtres humains ne sauraient se distinguer entre eux par la fortune. Le rétrécissement de l’échelle des salaires (de 1 à 7 par exemple entre le plus petit et le plus élevé des salaires d’une entreprises) et même le plafonnement des salaires afin d’empêcher que ne perdurent l’indécence de certaines rémunérations, que l’on courre après un ballon de football ou que l’on exploite ses semblables ;

la préservation de la planète : elle ne pourra être garantie que si des normes contraignantes sont légalement adoptées (les sciences modernes nous indiquent aujourd’hui quelles sont les normes saines) qui doivent présider aux processus de fabrication, de transport et de consommation et à la condition de pénaliser les délits écologiques, sur la base d’une justice universellement compétente ;

l’affirmation de l’autorité publique sur les autorités financières, à commencer par les banques, en commencant par l’interdiction des crédits à la consommation dont les taux d’intérêts seraient supérieurs aux taux d’intérêts définis par les pouvoirs publics : on a vu où nous ont mené les subprimes, inutile, même pour un lave-linge, de faire perdurer un système qui broie les plus pauvres et agresse l’économie réelle ;

le comportement politique : l’exemplarité est une vertu mais en économie comme en politique, l’autorégulation des comportements est une chimère. La loi devra enfin et définitivement contraindre à l’interdiction du cumul de certains mandats entre eux, ainsi qu’avec l’exercice d’une profession rémunérée.

Doter la gauche d’une nouvelle structure internationale.

Certes un gouvernement de gauche en France aurait des marges pour agir et construire des alliances progressistes internationales. Mais, alors que l’humanité a conscience d’elle-même, le socialisme dans un seul pays est tout bonnement une impasse. Déjà, les rencontres annuelles du Forum social Mondial avaient fait la démonstration, en particulier les premières années, de la possibilité objective de faire converger des forces progressistes, quelles qu’en soient la nature (associations, syndicats, etc.). Il faut approfondir cette voie qui rassemble des militants de tous horizons, elle est la seule porteuse de saine récolte.

Pensons un instant que l’actuelle Internationale socialiste compte en son sein des partis tels que le RCD de M. Ben Ali, dictateur notoire, le parti de M. Alan Garcia (le président du Pérou) qui s’est illustré par une répression sanglante des indiens d’Amazonie expropriés de leurs terres ; notons aussi que les plus hautes autorités du SPÖ (le parti social-démocrate autrichien), MM.Fischer et Gusenbauer, respectivement président de la République et chancelier, avaient insisté pour assister aux funérailles de Jörg Haider le 18 octobre 2008 ; gardons enfin en tête qu’en Allemagne, et dans plusieurs pays européens, les partis membres de l’internationale socialiste gouvernent avec …. les droites libérale, conservatrice, etc. C’est bien à l’échelle mondiale qu’il faut fonder une nouvelle alliance internationale des progressistes, si nous ne voulons pas être ensevelis par nos propres vestiges. Sans tarder, il faut s’atteler à la construction de cette tâche politique majeure sur les 5 continents. Et débattre de ces nécessités nouvelles pour l’Homme, notre planète et ses espèces.

Pouria Amirshahi, secrétaire national du PS, chargé des droits de l’Homme.

28 août 2009

Benoit HAMON invité de France 24

Publicité
28 août 2009

Discours de Martine AUBRY à la Rochelle

Cher(e)s ami(e)s, Cher(e)s camarades,

Je suis heureuse de vous retrouver ici à la Rochelle pour l’Université d’été de notre Parti.

Oui je suis heureuse, d’aborder cette rentrée politique en famille au milieu des militants et des élus.

Permettez-moi, en votre nom à tous, de remercier avec chaleur l’ensemble des militants de la fédération de Charente-Maritime qui font de cet événement un succès, et en particulier bien sûr son premier fédéral, Olivier (Falorni).

Merci aussi à toi cher Maxime, pour ton accueil. Maxime, il suffit de se promener dans ta ville, à laquelle tu as tant donné, où l’on se sent si bien, pour comprendre ce que veut dire une politique de gauche respectueuse des femmes et des hommes et de l’environnement.

Merci bien sûr à Ségolène d’être présente à nos côtés pour ouvrir notre université. Elle nous accueille aujourd’hui. Nous serons à ses côtés et à celui de tous les Présidents de Région pour cette année électorale. Ce sont les Régions, comme les Villes et les Départements qui combattent aujourd’hui la crise, qui préparent l’avenir en développant des projets écologiques et Ségolène en est un formidable exemple. Je salue notamment son action aux cotés d’Heuliez qui est symbolique de notre combat pour l’emploi, pour la sauvegarde et de développement d’une industrie d’avenir. Elle y a mis toute son énergie et sa combativité et on sait combien elles sont grandes.

Je veux saluer aussi Antoine (Détourné) et avec lui l’ensemble des militants du MJS. Le MJS est à l’avant-garde de nos combats collectifs, pour la jeunesse bien sûr, mais aussi sur les services publics, sur la santé, sur l’éducation. Dans les manifestations comme dans les initiatives, on ne peut pas rater le drapeau du MJS : il flotte toujours bien haut !

*

Nous tous ici nous partageons la même volonté : faire de nos rencontres de la Rochelle trois jours utiles pour les Français.

Utiles pour affronter la crise qui, quoi qu’en dise le gouvernement, est loin d’être finie. La crise est bien là en effet, pour les jeunes qui cherchent un emploi, les salariés qui se battent dans leur entreprise, les PME qui luttent pour leur survie, les ménages qui préparent la rentrée scolaire, les retraités dont les pensions n’augmentent pas. Nous leur devons à tous une indignation contre la politique actuelle, mais surtout des propositions pour une vie meilleure en demandant au Président de la République d’agir enfin. Les Français ne sont pas dupes : ministres en Sarkozye, professionnels de la méthode Coué, managers et traders – ceux qui s’empressent d’annoncer le retour à la normale sont ceux qui n’avaient pas vu arriver le choc global. Le monde a changé, pas leurs lunettes ni leurs recettes !

Un Parti Socialiste utile aux Français, c’est aussi un PS capable de proposer un autre projet de société. Les événements de cet été, les bonus en cascade dans les banques et les coups de menton à répétition de l’Elysée, sont une preuve de plus que le libéralisme financier n’est pas amendable, que c’est bien un nouveau modèle, juste, efficace et préparant l’avenir qu’il nous faut proposer. Ce projet doit tout à la fois être imaginatif et crédible, original et solide, inventif et réaliste. Le travail a bien commencé, et La Rochelle en sera le premier temps fort collectif. Dans la foulée, nous lancerons le tour de France du projet pour débattre avec les Français sur la société dans laquelle ils ont envie de vivre. Nous préparerons nos propositions pour un nouveau modèle de développement économique, social, écologique, mais aussi territorial, éducatif, républicain.

Un Parti socialiste utile aux Français, c’est un Parti socialiste ouvert aux forces de gauche et aux citoyens qui n’en peuvent plus de ces politiques injustes et inefficaces, de cette pratique du pouvoir autocratique du Président de la République, et qui n’accepte pas l’affaissement de la place de la France dans le monde.

Pour réussir cela, il faut un Parti socialiste fier de ses valeurs, enthousiaste à les faire partager et profondément rénové dans ses pratiques. Il nous faut maintenant sortir des discours et des réflexions pour passer aux actes.

*

J’ai fixé une feuille de route en m’adressant en juin à chaque militant : un parti combatif contre la politique de Nicolas Sarkozy, un Parti de transformation porteur d’un large projet de société, la construction d’une maison commune de la gauche, et la rénovation de notre Parti. L’ensemble de ces missions qui sont celles d’un grand Parti de gauche doivent être menées de pair. Au cours des dernières années, notre Parti est souvent apparu immobile, donc conservateur ; fermé sur lui-même, donc imperméable aux défis d’aujourd’hui ; divisé par des ambitions personnelles, donc bien loin des difficultés des Français. Les Français nous demandent, attendent avec impatience un Parti socialiste en mouvement et une pensée en mouvement. Je souhaite ardemment l’un et l’autre.

*

C’est dans cet esprit que nous avons conçu cette Université d’été. Centrée sur l’enjeu du moment : comprendre la crise et penser l’avenir, nos cinq grandes plénières y seront consacrées ; ouverte sur la société : avec des intellectuels de tous horizons (philosophes, sociologues, historiens, économistes, artistes, etc…), responsables syndicaux et associatifs. La moitié des intervenants sont des personnalités extérieures au Parti. Nous sommes profondément convaincus que, de ces regards croisés, sortiront des idées et une vision du monde fécondes. Leur présence montre d’ailleurs la volonté du monde intellectuel, syndical, associatif et de se réinvestir auprès de nous. Je veux tous les remercier en votre nom.

Et puis nous nous réjouissons que soient présents auprès de nous les dirigeants de la gauche. Nous avons voulu mettre la gauche à l’honneur avec des représentants dans chaque atelier et bien sûr la présence demain à nos deux grandes tables rondes de ses dirigeants, que je salue en votre nom. C’est en partant de l’analyse et des idées de progrès que nous voulons pour la France, que nous devons commencer. Le projet doit précéder les alliances. C’est incontournable. Faute de quoi, on confond refondation et combinaisons.

Je veux remercier très chaleureusement Emmanuel Maurel et toutes les équipes qui ont travaillé autour de lui pour cette édition qui allie l’exigence sur le fond, l’ouverture aux autres, de nombreuses innovations – je pense par exemple au festival du film politique-, mais aussi aux moments de convivialité avec notamment une soirée festive où nous nous retrouverons tous ensemble, militants et intervenants extérieurs.

*

Je n’ai pas souhaité m’exprimer avant la séquence de la Rochelle parce que c’est ici, au milieu de vous que je souhaite le faire. C’est une marque de respect pour la démocratie interne d’un grand parti comme le nôtre, pour les militants, les élus qui consacrent une grande partie de leur temps, de leur vie à se battre pour changer la vie des Français. Et puis je préfère –vous le savez- la pensée solide au raisonnement rapide, l’expression collective au chacun pour soi. La société médiatique a ses exigences, mais pour moi – on ne se refait pas-, le respect d’un Parti, de ceux qui en portent les valeurs, qui en font l’âme et la force, prime avant tout et primera toujours.

Cette feuille de route, nous devons la mener avec détermination. Mes camarades, l’alternance se mérite. Nous devons être enthousiastes et non impatients ; convaincants et non arrogants. Les Français attendent du sérieux et non des coups d’éclat. C’est là l’honneur de la politique. Vous m’avez demandé de conduire notre Parti socialiste pour qu’il retrouve la confiance des Français car c’est la condition pour que les Français retrouvent confiance dans l’avenir. Et vous le savez, rien ne me fera dévier de cette mission, ni le tintamarre médiatique, ni les injonctions, ni le yoyo des sondages.

Je m’adresserai aux Français en votre nom dimanche à la suite de ces trois jours de travail. Je leur ferai part de nos propositions pour sortir de la crise, mais aussi de notre volonté de leur proposer une alternative. Mais cet après-midi, je veux vous parler à vous, les militants mais aussi les sympathisants du Parti que nous avons l’honneur de servir.

*

Et d’abord, mes chers camarades, soyez fiers de notre Parti. Rappelez-vous d’où nous venons, la force qui est celle de notre histoire, de nos combats…

Au moment où le néolibéralisme démontre l’absurdité de son système et son échec économique et social, soyons fiers de défendre ce dont le monde a besoin : la justice, l’égalité qui rime avec liberté, la fraternité, la laïcité, l’internationalisme.

Et puis souvenez-vous de ce qui a entrainé votre engagement personnel. Dans les périodes d’hésitation, chacun doit se rappeler ce qui l’a fait franchir le pas pour devenir militant du Parti Socialiste. C’était un matin d’espoir ou un soir de colère. C’était dans tous les cas une volonté de justice, le refus des inégalités, un besoin de démocratie, et puis la volonté d’être utile, de changer la vie ou même seulement un bout de terrain auprès de chez soi, qui a conduit chacun d’entre nous au Parti Socialiste. Oui, souvenons-nous de ce jour où nous nous sommes engagés. Soyons en fiers et ravivons cette flamme. On en a besoin. Les Français nous attendent.

*

Alors oui, notre grand Parti, il faut qu’il bouge. La rénovation est une exigence de démocratie. Le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout, dans la société, mais aussi en notre sein. Nous parlons depuis longtemps de rénovation. Nous en parlons surtout au moment des Congrès d’ailleurs. Il est temps maintenant de passer des discours aux décisions et aux actes.

Je le dis avec force, la rénovation de notre Parti ne peut à elle seule convaincre les Français de nous refaire confiance. Il nous faut un projet fort, mais nous le savons aussi : quelle que soit la qualité de nos propositions, notre crédibilité passe par d’autres pratiques politiques, par la construction d’un grand Parti ouvert sur la société et la gauche et qui sache se renouveler en permanence.

Retrouver nos valeurs en refondant nos idées et en rénovant notre Parti, voilà ce qu’il faut mener de pair. C’est pour lancer simultanément ces deux chantiers que j’ai souhaité m’exprimer ici à la Rochelle.

Alors, laissez-moi vous parler de rénovation. On dit ce terme éculé. Il l’est quand on en parle et ne la fait pas. Il devient exaltant lorsqu’il est porté par tout un Parti, fort de son histoire, de ses valeurs et ouvert à la société.

J’ai défendu avec beaucoup de camarades, dans la motion que j’ai signée au Congrès de Reims, le non cumul des mandats comme la désignation de notre candidat par des primaires ouvertes. Je les ai inscrits dans la lettre que j’ai adressée en Juin aux militants pour fixer notre feuille de route. De nombreux autres camarades les ont défendus aussi, et je crois comprendre que d’autres nous ont rejoints depuis.

Alors oui, cette fois ci, cette rénovation, nous allons la faire. De A à Z – ou plutôt de C comme cumul à P comme primaires !

Aujourd’hui, je ne fais pas de grandes promesses. Je propose des décisions, une démarche et un calendrier.

Je vous propose de tenir une Convention nationale extraordinaire de modification de nos statuts avant l’été 2010. J’ai entendu beaucoup de positions, souvent convergentes, parfois contradictoires, sur ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Il s’agit de l’avenir de notre Parti. C’est donc aux militants de trancher. Alors je souhaite leur donner la parole, vous donner la parole.

J’ai décidé d’organiser une consultation militante le 1er octobre pour que les militants nous fixent le cap. Nous tiendrons un Conseil National le 12 septembre pour la préparer. Ces orientations choisies, le travail s’engagera pour fixer les modalités concrètes et les modifications statutaires qui devront être votées avant l’été.

Je vois pour ma part cinq champs de réforme.

-Tout d’abord, le non-cumul des mandats. Nous savons que c’est une condition du renouvellement des générations et de l’ouverture de notre Parti vers la société. Nous ne pouvons pas en permanence vouloir notre Parti exemplaire et attendre des lois qui ne viennent pas, même lorsque nous sommes au pouvoir. Je souhaite que nos statuts avancent radicalement dans le non-cumul des mandats, que nous appliquerons au lendemain de notre Convention extraordinaire statutaire de l’été 2010. Je propose que nous demandions aux militants s’ils partagent cette volonté d’avancer drastiquement sur cette question. Ils devront nous dire s’ils souhaitent que nous travaillions sur le mandat unique des parlementaires et sur la limitation du nombre de mandats exercés simultanément ou successivement. J’y suis pour ma part favorable. Actons les principes puis travaillons ensemble les modalités.

- En second lieu, les primaires ouvertes. Chacun ayant dit sa vision des primaires, il est logique et – j’ai cru comprendre attendu – que je fasse part de ma propre analyse. Elle est commandée par l’intérêt général. Les primaires doivent être une opportunité pour nous, pas un problème entre nous. Sur ce sujet comme sur d’autres, il faut travailler dans la sérénité et le sérieux.

Les primaires ouvertes doivent être une extraordinaire chance pour notre Parti, pour nous renouveler, pour nous ouvrir à la société et pour créer un vaste mouvement populaire. Pour y parvenir, il ne faut pas s’y engager tête baissée, mais avec une véritable cohérence politique. Penser avant de décider, c’est le principe de précaution en politique et mon rôle de le faire valoir. Nous refusons évidemment que les primaires se transforment en une compétition entre des réseaux de partisans pour tel ou tel candidat à l’élection présidentielle.

Mais plus important encore, nous souhaitons qu’elles permettent d’agréger autour de nous toutes celles et ceux qui veulent nous aider à construire un autre projet de société, et qui se mobiliseront ensuite pour la changer avec nous. Nous voulons finalement accueillir tous ceux que l’on pourrait appeler les « activistes » du projet alternatif au système libéral. Et le Tour de France que nous allons engager dans quelques jours pourra en constituer le premier socle. Ce lien entre les primaires ouvertes et la préparation du projet est essentiel. Faute de l’avoir fait avec clarté, sans projet structurant, les primaires de l’Olivier en Italie, aussi exaltantes qu’elles aient pu être, n’ont pas permis le mouvement espéré et nous en mesurons malheureusement aujourd’hui les conséquences dans la faiblesse de la gauche italienne.

Ce mouvement autour des primaires avançant en parallèle de notre projet pourrait conduire au choix de notre candidat au premier semestre 2011.

Ceci étant posé, il est temps d’avancer maintenant. Je souhaite, comme je l’ai défendu dans ma motion au Congrès à Reims, que nous organisions des primaires, ouvertes à toutes les femmes et hommes de gauche qui le souhaitent, pour désigner le candidat du Parti socialiste à la Présidentielle. Les militants s’exprimeront sur ce sujet dans la consultation du 1er octobre.

Doit-on, comme je l’entends défendre par certains, décider qu’il s’agira du candidat de toute la gauche ? Il est sans doute nécessaire d’en discuter avec les autres Partis. Mais je crois que cette décision relève d’une analyse commune et non pas de notre seule vision des choses. Nous disons que nous ne voulons pas être hégémoniques. Prouvons-le ! J’ajoute qu’il est bien difficile de savoir aujourd’hui si l’intérêt de la gauche sera de présenter un ou plusieurs candidats à l’élection de 2012 : la politique, c’est affaire de dynamique, non de simple arithmétique. Nous aurons à en discuter avec nos partenaires et nous devrons le décider ensemble.

- Troisième champ de la consultation militante, la parité, la diversité et le renouvellement générationnel. Un Parti fort est un Parti qui ressemble à la société qu’il représente. Nous devons ainsi organiser en notre sein les conditions de l’égalité réelle d’accès aux responsabilités. Il est grand temps tout d’abord d’inscrire dans nos statuts la parité intégrale dans toutes nos instances. Au-delà, je souhaite que soient créées les conditions d’assurer la diversité en notre sein, au sens le plus large du terme, c’est-à-dire visant l’accès aux responsabilités de militants issus de l’immigration, mais aussi d’ouvriers, d’agriculteurs, d’employés…, qui sont aujourd’hui sous représentés parmi les cadres et les élus de notre Parti. Il s’agit aussi – c’est pour moi un devoir historique – de préparer aujourd’hui une nouvelle génération à exercer demain les responsabilités.

- Nous avons également à trancher plusieurs réformes statutaires visant à mieux articuler le choix de nos orientations et de nos dirigeants politiques, à faciliter les adhésions et à favoriser des modalités de vote fiables.

- Dernier champ de rénovation, les règles d’éthique. Comment garantir un réel civisme interne et la solidarité entre socialistes à tous les niveaux ? Je propose que soit rédigée une charte d’éthique souvent annoncée, jamais mise en œuvre. Une commission présidée par une personnalité faisant autorité dans notre Parti pourrait être chargée de faire respecter ces règles communes.

*

Un Parti plus ouvert sur la société, renouvelé et forgé à l’image de la société, plus démocratique et plus efficace dans le fonctionnement de ses instances, et doté de règles d’éthique partagées et appliquées : voilà ce que je propose ; voilà ce que trancheront les militants par leur vote le 1er octobre.

*

Par ailleurs, nous devons engager cet immense travail et ce débat de manière ouverte en utilisant tous les moyens y compris internet. Je vous annonce que nous aurons bientôt à notre disposition notre réseau social. Il entre en phase de test et sera accessible mi-octobre pour les adhérents et fin novembre pour l’ensemble de nos sympathisants. Les uns comme les autres trouveront avec cet outil puissant et innovant une nouvelle manière, libre et coopérative, d’investir l’action politique (discuter, partager, échanger, s’organiser…). Son nom, CooPol, Coo, comme coopérative, coopération, bref collectif ; Pol, comme Politique, retour des valeurs, retour du débat, CooPol, comme un lieu de rencontre, de convivialité.

*

Un Parti rénové, mais aussi un Parti fer de lance du rassemblement de la gauche. Voilà pourquoi j’ai appelé de mes vœux une maison commune de la gauche. Ce terme laisse ouvert tous les chemins que nous voudrons emprunter ensemble.

Mais avec nos partenaires, nous devrons d’abord nous engager sur le projet, sur nos priorités communes avant de parler stratégie électorale.

Mais pour que la maison commune fonctionne, afin de créer ce que j’appellerais la gauche solidaire, il faut respecter trois règles d’or.

La première, c’est la clarté, et la clarté c’est le projet. Notre édifice serait bien fragile si nous commencions par monter les murs et poser le toit avant d’en avoir bâti les fondations. Il nous faut être porteurs ensemble d’un projet commun. C’est un travail exigeant qui nous attend pour proposer le modèle alternatif à cette économie financière libérale qui décidément n’est pas amendable. C’est pour amorcer concrètement ce travail, que nous avons invité nos partenaires de gauche à tous nos ateliers, j’ai par ailleurs proposé deux journées à nos partenaires, que nous pourrions préparer ensemble, l’une sur l’emploi dans ce contexte de rentrée sociale très difficile et l’autre en vue de préparer ensemble nos propositions environnementale pour Copenhague.

La deuxième règle d’or, c’est la conjugaison du droit à l’identité et du devoir de solidarité. En d’autres termes, c’est le respect de chacun. Ce respect, nous devrons nous l’appliquer à nous-mêmes et la demander à nos partenaires, dans la préparation de notre projet comme dans la conduite de nos campagnes électorales. Dans cet esprit, j’ai proposé, notamment à Cécile Duflot, une charte de bonne conduite pour les élections régionales. Quand on appartient à une majorité, on en défend le bilan, on en discute les actions et on en porte ensemble les projets.

La troisième règle d’or, c’est l’acceptation du pluralisme qu’a très bien défini l’ancien maire de Venise, Massimo Cacciari : « le pluralisme serait un malheur si chacune de ses composantes n’avait pas une hospitalité pour chacune des autres ».

C’est l’état d’esprit que je nous recommande, mes chers camarades, pour nous engager, avec la force de ce que nous sommes, dans la construction de cette maison commune.

*

La maison commune est notre priorité. Et alors qu’en est-il du Modem, puisque ce sujet est sur la table, ce qui est naturel à l’approche d’élections ?

Rappelons tout d’abord que les militants ont tranché cette question lors du Congrès de Reims. Il est vrai qu’il a coulé depuis de l’eau sous les ponts, et que plus aujourd’hui encore qu’hier, François BAYROU revendique son anti-sarkozysme. Mais l’anti-sarkozysme ne fait pas un projet politique … Le rejet du pouvoir actuel, de sa confiscation des médias, de sa fascination pour l’argent, de sa détestation des corps intermédiaires et des contre-pouvoirs, est nécessaire à l’alternance, mais pas suffisant. Il nous faut savoir ce que l’on veut construire sur le plan économique et social.

Nous avons la conviction, plus que jamais, que c’est un vrai projet de gauche qui est nécessaire pour retrouver la confiance des Français en 2012.

François BAYROU nous dit qu’il combattra l’UMP. Mme de SARNEZ nous explique que nous avons un adversaire commun. Cela suffit-il pour bâtir ensemble l’avenir ? Je ne crois pas. J’ai la profonde conviction que ce n’est pas à nous aujourd’hui de nous exprimer sur le MODEM tant que celui-ci n’a pas clarifié sa position. Nous devrions tous ensemble poser deux questions à M. BAYROU.

M. BAYROU,

-Vous nous dites vouloir combattre partout l’UMP. Cela va donc changer de vos alliances à la carte aux municipales de 2008. Dont acte. Encore faudra-il vérifier que c’est bien le cas partout. Mais il faut nous en dire plus, allez vous soutenir les candidats de la gauche aux élections régionales ?

- Nous savons contre quoi vous vous battez, mais que proposez-vous ? Etes vous prêts à nous rejoindre sur un projet économique, social et écologique ?

Mes amis, ne soyons pas naïfs. Est-ce que chacun d’entre nous est bien sûr que les clins d’œil appuyés du Modem aujourd’hui n’ont pas pour seul objectif de nous diviser et de faire la courte échelle à François Bayrou pour 2012 ? Nous, en 2012, nous voulons un candidat de gauche.

La véritable modernité, celle qui conduit à la victoire, ce n’est pas la nouveauté dans les photos de famille, c’est la clarté dans les choix politiques. Chaque fois que les socialistes ont été confus, ils ont perdu.

Si des démocrates et humanistes souhaitent nous rejoindre, nous sommes ouverts, mais ils doivent le faire dans la clarté et c’est à François Bayrou de l’apporter si c’est sa conviction.

*

Voilà, mes camarades, la feuille de route de notre Parti.

Nous avons une responsabilité historique. Faire que la gauche revienne au pouvoir en 2012. Non pas pour nous. Mais pour les français.

Nous avons beaucoup entendu les socialistes parler aux socialistes et parler d’eux-mêmes. Il faut parler de la France, des Français, de ce que nous avons à leur proposer, de ce que nous voulons pour demain.

Pour engager la France dans l’après crise. Pour construire la France que nous aimons ! Voilà le véritable message de la Rochelle 2009.

Il nous reste moins de 1000 jours pour réussir.

Alors soyons nous-mêmes, soyons fiers de l’être.

Et bonne Université d’été !

28 août 2009

A contre courant

Confit dans son immobilisme, paralysé par ses querelles internes, incapable d'initiatives, frileux : depuis la déroute du PS aux européennes, nombre de commentateurs, relayés par la droite et quelques « esprits libres », s'en donnent à cœur joie pour tirer sur l'ambulance rose.

 

 

L'analyse des élections européennes, vite faite bien faite, a conclu au seul affaissement des socialistes au profit des Verts et à la très bonne tenue du parti présidentiel. Peu de choses sur le niveau dramatique de l'abstention, qui en dit long sur la défiance des peuples envers l'Union Européenne. Rien, ou si peu, sur les raisons de la défaite cinglante des partis sociaux démocrates et de centre gauche quasiment partout en Europe. Quant à Bayrou, jadis centre de toutes les attentions, il est enterré aussi vite qu'il fut porté aux nues, remplacé par un Cohn-Bendit terriblement moderne et séduisant.

 

 

Pour le reste, et depuis deux mois, l'argumentaire (qui fait l'impasse sur les étonnants succès socialistes lors des cantonales partielles) est débité avec constance. Le PS, cadenassé par une clique aussi sectaire qu'inefficace, se meurt. Et chacun apporte sa petite contribution à la démonstration.

 

L' « hebdo des socialistes » est rebaptisé la « Pravda » par un patron de presse jadis étiqueté « à gauche » (commentaire qui ferait hurler de rire n'importe quel lecteur occasionnel de cette feuille inoffensive). Les quotidiens font pleurer dans les chaumières avec les mésaventures des héroïques francs tireurs de la « maison morte » : censuré, le vaillant Arnaud Montebourg, à qui l'on interdit de parler des primaires ! Bâillonné, le courageux Manuel Valls, qui a tant d'idées à revendre! Cette farce (car c'en est une, pour qui connaît, même superficiellement, le PS ; où à peu près n'importe qui peut dire à peu près n'importe quoi sans craindre grand chose) nous est resservie à intervalles réguliers, accréditant la thèse de la « brejnevisation » du parti d'Epinay. C'est ainsi que les provocations du tonitruant député de Saône et Loire, comparant son propre parti à « l'ex-RDA », sont repris avec complaisance. Ce n'est pas parce que « tout ce qui est excessif est insignifiant » qu'il faut laisser prospérer ces formules indignes sans broncher.

 

 

Les penseurs s'engouffrent eux aussi dans la brèche. Un philosophe en vue (depuis si longtemps) prophétise (et souhaite) la fin du « vieux parti » et tout le monde s'esbaudit devant les très sérieuses analyses du grand homme, représentant étincelant de cette gauche « Carla Bruni » dont il est désormais si chic de se revendiquer. La presse raffole des confidences des « déçus du PS », devenus plus sexys que des vulgaires kouchnerisés, passés dans l'autre camp avec armes (peu) et bagages (encore moins).

 

« Pour vaincre la droite, il faut d'abord briser la gauche », déclare fièrement BHL, citant Maurice Clavel. On peut se laisser séduire par cette dialectique qui veut que pour renaître, la gauche fasse, vraiment, l'épreuve du négatif. La dislocation avant la reconstruction, n'est ce pas là la leçon de la fin des années 60 ? Le problème, c'est que les théoriciens du big bang rêvent d'une nouvelle gauche enfin réconciliée...avec le centre ! Dans le genre archaïque, typique de la SFIO croupissante des années 60, on ne fait pas mieux. Le deuxième hic, c'est que « nos amis qui nous veulent du bien » ne peuvent s'empêcher, en passant, de glisser les quelques mots aimables à l'intention du grand patron grâce à qui la « modernité » et le « mouvement » sont désormais l'apanage de la droite.  

 

Ainsi, la critique du PS est surtout l'occasion, pour nombre de faiseurs d'opinion « progressistes »,  d'encenser Sarkozy dont « il faut bien reconnaître » les innombrables qualités, l'art du contrepied, le génie de l'ouverture, l'hyperactivité, etc. C'est dit comme à regret, mais c'est dit. Que voulez vous ? Lui agit, lui pense... alors que le PS « n'a pas la queue d'une idée ».

 

 

De tous les poncifs, c'est vraisemblablement le plus éculé, en même  temps que le plus contestable. Au risque de décevoir, le PS ne manque ni d'idées ni de propositions. Elles sont parfois mauvaises, elles sont peut-être faibles, mais elles existent. Seule une très grande paresse intellectuelle (ou une très grande mauvaise foi, ou les deux) permet d'affirmer que la gauche socialiste a cessé de réfléchir et de proposer : Il suffit de lire n'importe quel texte de convention, n'importe quelle résolution, pour s'en convaincre. Rassurons ainsi ceux qui doutent de la capacité du PS à apporter des « solutions » aux problèmes : il compte suffisamment, dans ses rangs, d'anciens ministres, de « grands élus » inventifs et de technocrates imaginatifs pour susciter l'émergence d'une batterie de mesures techniques qui ne manqueront pas de nourrir, en son temps, un programme de gouvernement.

 

 

Le problème est ailleurs. Ce qui manque, c'est la mise en cohérence de ces « mesures »,c'est la vision du monde qui les inspire. Or, profondément impactés par la montée en puissance du capitalisme financier transnational à la fin des années 80, confrontés à des mutations qu'ils n'avaient pas anticipées, les socialistes se sont laissés gagner par le doute relativement à leur mission historique (la redistribution des richesses et l'approfondissement de la démocratie dans tous les domaines de la vie sociale), quand ils n'ont pas purement et simplement théorisé le renoncement.

 

 

Toute la social-démocratie européenne a été, à des degrés divers, victime de cette « tentation de l'aggiornamento » qui a le plus souvent consisté à jeter le bébé avec l'eau du bain. Les expériences du New Labour anglais ou du Nouveau Centre allemand ont illustré de façon éclatante cette dérive d'une gauche qui a progressivement intériorisé que son rôle se limitait à l'adaptation douce au néo-libéralisme. Un peu moins libéral que la droite, un peu plus social : l'alternance, dans les « démocraties apaisées », constituerait avant tout en un rétrécissement de l'horizon des possibles.

 

 

La singularité  du Parti socialiste français est précisément d'avoir, au moins dans les discours, refusé cette conversion présentée comme inéluctable. Sommé à intervalles réguliers de faire son « Bad Godesberg », le PS, notamment sous l'impulsion de Lionel Jospin, a cherché à théoriser une voie médiane, à la fois en terme de lecture de la réalité sociale (« la nouvelle alliance » des exclus, des classes populaires et des classes moyennes) et en terme d'objectifs politiques (« oui à l'économie de marché, non à la société de marché »). La pratique gouvernementale elle-même, inspirée par un indéniable « volontarisme de gauche », a été ponctuée par des mesures aussi emblématiques que justes (les 35 heures, les emplois jeunes, la CMU) et soutenue par une majorité de large rassemblement de la gauche. Bien sûr, le volontarisme ne dépassait pas les frontières hexagonales : c'est sous un gouvernement de gauche qu'ont été négociés les traités d'Amsterdam et de Nice. Bien sûr, la fin du quinquennat a été marquée par des erreurs d'analyse, voire d'incroyables bévues, à commencer par le couplage quinquennat/ inversion du calendrier électoral qui ont précipité notre pays dans l'hyperprésidentialisme. Mais il faut reconnaître le « moment jospinien » a constitué une phase originale du socialisme français dans son effort de concilier une certaine idée de la gauche et la prise en compte de l'émergence d'un monde nouveau.

 

 

C'est pourtant cette expérience là qui a été défaite le soir du 21 avril. Mais plutôt que de faire un inventaire rationnel de la période 1995-2002, plutôt que procéder à une salutaire remise en question, prélude à une nécessaire reconstruction, le PS, comme paralysé, s'est contenté de laisser passer l'orage. Le « ni-nisme » hollandais a succédé à la synthèse jospinienne. La décennie qui a suivi, traversée par de brillantes victoires (2004) et de sérieuses défaites (2007), est marquée par une triple crise :crise de leadership (paradoxal pour un parti dont le premier secrétaire est adoubé par plus de 90% des militants), crise idéologique, crise stratégique.

 

 

Nous en sommes toujours là aujourd'hui. Si la gauche est plébiscitée au niveau local, elle est régulièrement battue lors des scrutins nationaux. Il ya évidemment des explications « internes » à cette désaffection de l'électorat, qui se lasse de la « guerre des chefs » dont raffolent les medias1.

 

 

Mais au-delà de ce problème de fonctionnement, ce qui affaiblit les socialistes aujourd'hui, c'est bien leur apparente incapacité à « donner du sens ». Tétanisés à l'idée d'être marqués au fer rouge de l' « idéologisme », ils se réfugient trop souvent, au prétexte d'embrasser la « complexité » du monde, dans une pensée molle qui se contente d'égrener des « valeurs » qui ne sont intéressantes que dans la mesure où elles débouchent sur des objectifs de transformation sociale.

 

Or chacun perçoit l'urgence de cette transformation. C'est d'ailleurs là l'un des paradoxes les plus frappants de la période que nous traversons douloureusement aujourd'hui. Alors que l'ampleur et la gravité de la crise économique valide le bien fondé des analyses de gauche sur la nature du capitalisme financier et sur les régulations fortes qu'il faut lui imposer, la gauche, depuis trop longtemps vouée à de timides dénonciations, est aux abonnés absents.

 

C'est bien pourtant aujourd'hui qu'il faut porter l'exigence, d'un monde nouveau, où les règles du commerce international, du fonctionnement du système financier, de la répartition des richesses seraient radicalement remises en cause. C'est bien aujourd'hui qu'il faut plaider pour l'émergence d'une société nouvelle où seraient sinon entièrement, du moins partiellement abolies les frontières invisibles (de fortune, d'éducation, de coutumes, de classe sociale) et visibles (les murs érigés entre nations riches et nations pauvres, les barrières entre ghettos de riches et quartiers pauvres) qui continuent de séparer les êtres humains entre eux.

 

Il ne suffit pas de constater partout l'irrépressible « aspiration égalitaire », il faut proposer de donner à celle-ci une réponse politique. L'éducation pour tous, la protection des travailleurs, la baisse du temps de travail, le droit à la santé, la gestion publique des services essentiels ( les transports, l'énergie, l'eau), le contrôle par les travailleurs eux-mêmes ou par la puissance publique de certains grands moyens de production et d'échange : plus que d'un « retour aux fondamentaux », c'est bien d'un projet socialiste pour demain qu'il s'agit.

 

En cette période de morosité et d'incertitudes, il peut paraître curieux de croire aux capacités de sursaut de la gauche en général, et du parti socialiste en particulier. C'est ce qui s'appelle penser à contre courant. On prend le risque.

_____

[1] Les observateurs superficiels pointent du doigt les « querelles intestines » symbolisées, à l’occasion de chaque congrès, par le nombre important de « motions d’orientation ». C’est oublier un peu vite que la gauche a dans ses gênes (depuis 1905, puis après 1920 à la SFIO) le goût de la discussion qui explique notamment le recours à la proportionnelle pour départager les textes concurrents. Le pluralisme est au centre de l'identité du parti socialiste  Les périodes où le débat semblait tari et où les statuts limitaient l’expression de la diversité politique, comme dans les années 1960, sont aussi celles des scissions, du déclin militant et électoral. Au contraire, les discussions parfois vives des années 1970 n'ont jamais gêné, bien au contraire, ni le militantisme de terrain, ni les rapports avec le reste de la gauche, ni la progression électorale du Parti.

En réalité, ce qui a progressivement contribué à pourrir le débat au PS, c’est bien l’obsession présidentielle et l’acceptation progressive des institutions de la Vème République. Le recours au « suffrage universel » des militants pour désigner le premier secrétaire a été jadis encensé. Or cette réforme a instillé durablement le poison de la personnalisation (et son corollaire, la dépolitisation) dans une organisation qui était parvenue jusqu’alors à en contenir tant bien que mal les effets néfastes.

 

Emmanuel Maurel, secrétaire national du Parti socialiste chargé des universités d'été, vice-président de la région Ile-de-France.

28 août 2009

Primaires à gauche : lever les ambigüités

Marie Noëlle Lienemann et Paul Quilès, initiateurs de l’appel « Gauche 2012 » expliquent dans une tribune sur Mediapart pourquoi l'idée de primaires ouvertes n'est pas, à leur sens, une urgence: < «Ce dont la France a besoin, ce n’est pas seulement d’une alternance, mais aussi d’une politique alternative». C'est de ce projet que naîtra, selon eux, la mobilisation de la gauche qui mènera jusqu'à la victoire.

La « pétition des 100 » du club Terra Nova commence bien, avec cette interpellation: « Nous appelons à une primaire populaire ouverte aux citoyens de gauche… ».

Mais, très vite, le malaise s’installe. Dans la liste hétéroclite des signataires, on trouve, entre autres, Jean Peyrelevade, vice-président du Modem, les principaux soutiens socialistes à la ligne d’alliance du PS avec le centre…..mais aussi des responsables socialistes, qui faisaient pourtant partie des deux tiers de militants du congrès de Reims opposés à cette alliance ! Si de nouvelles formes de démocratie doivent être inventées, elles ne sauraient se substituer à des délibérations collectives organisées. Chacun se souvient que ce débat est d’une importance capitale dans l’histoire de la gauche française. On sait par exemple ce qu’il en est advenu de l’idée que la « démocratie à la base » devait se substituer à la « démocratie bourgeoise »! 

Alors, soyons clairs, ce débat sur les primaires ne doit pas être l’occasion de faire passer par la « petite porte » un accord politique avec le Modem -nouvelle mouture de la vieille lune de la « troisième voie »-, qui se révèlerait doublement inefficace :

* en empêchant l’unité de toute la gauche, ou au moins de toute la gauche prête à gouverner ;
* en réduisant les ambitions à quelques références, à des valeurs « communes » qualifiées de « progressistes » et dont on ne sait qui les définirait. 

Le malaise s’accroît, lorsque l’on essaie de comprendre ce qui est proposé. S’agit-il de désigner le candidat du PS ou un candidat du « centre gauche » ou un candidat du rassemblement de la gauche et des écologistes ? Tout au long du texte et des déclarations qui l’accompagnent, la confusion est entretenue et, comme on n’aperçoit nulle part de volonté d’associer l’ensemble des forces politiques à une démarche commune, large et globale, on en déduit qu’il s’agit de désigner le candidat socialiste. Les partenaires du PS, invités à se rallier et placés en position subalterne, ne pourront que refuser cette démarche méprisante. Au passage, cela arrangerait bien les tenants de l’alliance au centre…… et, sans doute, Nicolas Sarkozy!

Le chemin vers une candidature unique de la gauche et des écologistes, qui est la seule stratégie susceptible de permettre la victoire de la gauche en 2012, passe par la définition d’un cadre commun, qui ne saurait se limiter à l’organisation de primaires. Il faut un accord global pour une majorité alternative (et pas seulement un président), sur la base d’un projet, puis d’un programme. C’est cela l’urgence. Toute prise de position préalable du PS qui ne chercherait pas à être partagée et établie en commun avec ses partenaires serait une grave erreur et conduirait à l’échec.

Pour sortir de l’ambigüité, il faut dire clairement:

1. que les primaires ont vocation à désigner un candidat unique de la gauche et des écologistes ;
2. qu’elles doivent être préparées dans un cadre unitaire, à l’issue d’une démarche globale, qui aura permis de jeter les bases, en commun, d’un accord de gouvernement et d’un programme.

Notons que la préparation du programme doit faire appel à un processus aussi participatif que le choix du candidat, sauf à définitivement basculer dans le présidentialisme, en confortant la logique dévastatrice de la Ve République. Comment comprendre à cet égard que les promoteurs d’une 6VIe République parlementaire semblent faire de la désignation du président l’alpha et l’oméga du renouveau de la gauche ?

Prenons garde, à travers ce choix de ne pas accélérer une évolution « à l’américaine » de nos institutions. Outre le fait que les traditions politiques américaines sont très éloignées de notre culture politique, elles ne sont pas cohérentes avec les idéaux de la gauche, qui privilégient le collectif et ne croient pas en l’homme providentiel ! Partir tête baissée dans cette direction, c’est faire la même erreur qu’au moment de la décision de passer au quinquennat et d’inverser le calendrier électoral, décision alors plébiscitée dans les sondages, mais peu soutenue dans les urnes et dont on voit aujourd’hui les nocives dérives !

Les signataires de la pétition ont bien senti que l’on ne saurait éluder le fond, puisqu’ils indiquent : « Le périmètre de la primaire ne pourra être arrêté qu’à l’issue d’un travail préalable sur le fond, permettant d’élaborer des fondamentaux idéologiques communs. Mais le principe doit être arrêté dés maintenant, sereinement et non dans l’urgence pré- électorale ».

Cette idée – la recherche de « fondamentaux idéologiques communs » — ne nous semble pas bonne. En effet, elle risque de conduire à se limiter à des formules creuses sur les valeurs, sorte de « fourre tout », que certains, même à droite, pourraient accepter ! Ou alors, il s’agira de tenter d’unir largement toute la palette idéologique de la gauche derrière une forme de pensée unique. Mission quasiment impossible, compte tenu de la diversité des courants culturels qui s’expriment dans la gauche française (communiste, écologiste, social-démocrate, altermondialiste, libertaire, chrétien de gauche, républicains sociaux, …), peu enclins à noyer leur identité idéologique dans un discours minimal, qui risque, de plus, de ne pas être clivant avec la droite.

En revanche, ils peuvent s’unir autour d’objectifs de transformation sociale concrets et actuels, fondés sur des valeurs communes. C’est à ce travail que doivent être conviées une large part des forces vives de la gauche et de l’écologie, tant dans le monde associatif, les ONG, les clubs, les syndicats, parce qu’ils s’intéressent d’abord aux propositions et aux changements effectifs qui doivent être engagés, avant de se préoccuper de la personnalité qui l’incarnera.

C’est avec cette, préoccupation que nous avons proposé de constituer un Nouveau Front populaire qui associe, à la démarche de définition d’un programme et de désignation du candidat, non seulement les partis mais aussi les nombreux citoyens engagés dans différentes organisations militantes et de réflexion et qui ne se reconnaissent plus dans le paysage partisan actuel. Ils ne conçoivent pas la politique comme un « zapping électoral » et veulent être acteurs de choix politiques précis ; pour eux, le projet de la gauche doit se construire « tous ensemble ».

L’appel que nous avons lancé en ce sens il y a 6 mois (« Gauche 2012 : le logiciel de la victoire » www.gauche2012.org) et qui a rassemblé 900 signatures de militants, d’élus et de responsables issus des diverses sensibilités de la gauche, nous semble toujours pertinent. Il propose un calendrier comportant 6 phases:

*
o 1re phase (été 2009). Décision de mettre en place un Comité de préparation des « Etats généraux de la gauche ».
o 2e phase (2e semestre 2009). Travaux du Comité de préparation :
+ fixation des objectifs des Etats Généraux, du mode de débat, de la date et du fonctionnement des Etats généraux.
+ rédaction de textes introductifs et choix des enjeux prioritaires à débattre.

*
o 3e phase (décembre 2009 - janvier 2010). Préparation des Etats généraux nationaux par des rencontres décentralisées
o 4e phase (juin 2010, après les élections régionales). Etats Généraux : vote du projet en vue de la préparation d’un accord de gouvernement, détermination du mode de fonctionnement des primaires (auxquelles participeront les militants et adhérents de toutes les organisations ayant accepté le projet).
o 5e phase (2e semestre 2010). Mise en place d’un comité unitaire de préparation des primaires et arrêtant les grandes lignes d’un programme ; établissement de la liste des votants ; Campagne des candidats se présentant aux primaires.
o 6e phase (début 2011). Primaires.

Ce dont la France a besoin, ce n’est pas seulement d’une alternance, mais aussi d’une politique alternative à la logique dominante. Sans l’unité de toute la gauche, pas de victoire possible ; sans « rupture », pas de mobilisation du peuple de gauche, des employés, du monde du travail, qui risquent fort de bouder ces primaires ». C’est par une nouvelle dynamique unitaire que deviendra possible la reconquête des couches populaires. Cette tâche est certainement plus prioritaire que la méthode de désignation du candidat, pour rénover la gauche et assurer sa victoire en 2012.

http://www.gaucheavenir.info/


28 août 2009

Séminaire de rentrée de la fédération du PS

Samedi 5 septembre, la fédération du Rhône du PS organise son traditionnel séminaire de rentrée. Une occasion pour les adhérents et les sympathisants du PS de débattre dans une ambiance conviviale.

Venez nombreux participer aux ateliers.

Bulletin d'inscription : sr_49_2

28 août 2009

Changeons d’air !

Nous voulons convaincre les Français que le Parti socialiste peut, de nouveau, leur être utile. A quoi ? A en finir avec le sarkozysme qui profite à quelques-uns grâce aux sacrifices de tous les autres. A redonner espoir à tous ceux qui espèrent une alternative et attendent un sursaut de la gauche.

Il y a urgence ! Notre incapacité répétée depuis le 21 avril 2002 à offrir des réponses attractives aux grands problèmes du pays et de l’époque finit par altérer l’idée que le PS est la solution… Bientôt, le rebond et la rénovation, même réels, seront ignorés.

Et quand certains sont abonnés à la critique permanente, c’est tout le travail collectif, celui de nos parlementaires, de nos élus sur le terrain et du parti qui devient inaudible. Les citoyens sont las, les militants aussi. Parce qu’il y a urgence, nous avons décidé de parler ensemble

Qui sommes-nous ? Des femmes et des hommes de trente ou quarante ans, un peu plus, un peu moins, qui se sont engagés au PS un matin d’espoir ou un soir de colère. Pour une autre France, une vraie Europe, un même monde. Contre les inégalités et le cynisme, cet acide de notre temps.

Que sommes-nous ? Sûrement pas des accompagnants du « grand cadavre à la renverse ». Pas davantage des inconscients faisant comme si le parti d’Epinay avait beaucoup plus de crédit que la SFIO qu’il bazarda jadis. Encore moins des enfants qui, au pied du manège des circonscriptions et des mairies, attendent leur tour, pareils à ces générations qui en veulent à la terre entière d’être restée chrysalides.

En réalité, nous sommes des militants ayant vécu trois défaites à l’élection présidentielle. Aujourd’hui, nous animons au quotidien le principal parti d’opposition, lui consacrons notre énergie, commençons à l’incarner. Secrétaires nationaux, responsables fédéraux, élus locaux, nous avons un droit et un devoir. Le droit de l’ouvrir. Le devoir d’agir.

Nous combattons l’idée que le socialisme, en France et ailleurs, serait bon à enterrer. Encore faut-il ne pas s’étonner que l’échec du capitalisme financier ne profite pas à la social-démocratie européenne ! Elle a porté de magnifiques conquêtes : la paix, la croissance, la solidarité, l’élévation du niveau de vie. Mais depuis vingt ans, elle a accompagné le système au lieu de le stopper. Sans nouveau modèle, pas d’avenir pour le PS.

Ce que nous défendons, c’est le parti sans lequel l’alternance restera un doux rêve. Au PS d’être à la hauteur ! La division est notre poison, symbole du quant à soi quand la France se cherche un destin collectif. La transformation est notre défi : mettons tout sur la table, des pratiques militantes aux primaires. Notre démarche, c’est d’abord un autre état d’esprit.

Puisque le temps du projet va maintenant s’ouvrir au sein du PS, nous proposons d’investir trois champs de réflexion et d’action.

L’éco-développement, ce nouveau modèle économique, social, écologique, éducatif, que la gauche doit porter pour l’après-crise. C’est la synthèse d’une urgence (survivre) et d’une exigence (mieux vivre). Indicateurs de croissance, filières industrielles, gestion des ressources naturelles et de l’énergie, lutte contre les inégalités, aménagement du territoire, temps de vie, tout doit être repensé dans un univers à trois dimensions : capital, travail, nature.

La démocratie pour combattre la marchandisation. Pouvoir accru des salariés dans les entreprises ; présence de l’Etat et des collectivités locales dans le capital des sociétés aidées ; primat du service public pour accéder à la formation, à la santé, aux transports ; priorité à l’emploi et au logement pour les jeunes, qu’ils habitent le centre des métropoles, les quartiers populaires ou les campagnes ; encadrement du libre échange au plan européen et mondial – les pistes ne manquent pas.

- L’émancipation sans laquelle la gauche est bien pâle. Menacées dans le monde, les libertés et la dignité le sont hélas dans notre pays : présomption d’innocence bafouée, détention provisoire abusive, prisons inhumaines … Il s’agit aussi de constater la montée de l’individu pour définir ses liens, donc ses devoirs, avec le collectif. Face au communautarisme, ayons confiance dans la diversité, la laïcité, la mixité, la parité !

Issus de sensibilités différentes, nous pensons que les divergences sur le fond sont nobles, stimulent le débat, peuvent être tranchées par des votes. Ensemble, nous voulons poser les questions et trouver les réponses.

Cela suppose de préférer ses neurones à son nombril et le collectif au chacun pour soi.

Cela impose de distinguer la gauche et la droite, d’apercevoir les régressions sous les pseudo-réformes, de ne pas confondre « ouverture » et débauchage de ceux qui vont à la soupe.

Ensemble nous prenons un engagement de loyauté : en 2012, nous aurons un(e) candidat(e) à l’élection présidentielle et nous le soutiendrons de toutes nos forces pour qu’advienne le changement.

Cela exige aussi une autre façon de vivre la démocratie élective : au 21ème siècle, un élu du peuple ne saurait cumuler les mandats. A tout vouloir faire, on ne fait rien ou on le fait mal.

Ce travail est engagé depuis plusieurs mois. Martine Aubry a proposé une feuille de route : refondation par le projet, transformation du parti, maison commune de la gauche. Nous voulons contribuer à tracer ce chemin.

Qui sommes-nous ? Des socialistes fiers de l’être et décidés à le rester. Des militants qui pensent qu’un seul quinquennat de l’actuel président serait meilleur pour le pays. Des citoyens de gauche qui voudraient, pour une fois, être « pour » et pas seulement « anti ». Pour une société post-capitaliste. Pour une Europe volontaire. Pour des individus enfin libres. Au fond, pour que nos vies aient un sens.

Les premiers signataires: Guillaume Bachelay, Laurent Baumel, Pascale Boistard , Christophe Borgel, Farida Boudaoud, Emeric Brehier, Olivier Dussopt, Alain Fontanel, François Kalfon, Sandrine Mazetier, Sibeth N’Diaye, Nathalie Perrin Gilbert, Laurence Rossignol, Axel Urgin sont membres du secrétariat national du parti socialiste.

Jean-François Debat Maire de Bourg-en-Bresse

Gwenegan Bui membre du BN du PS, Marc Coatanéa 1er fédéral Finistère, Fabrice Verdier premier fédéral du Gard, Sebastien Denard 1er fédéral Haute Garonne, Jean-Noël Gaultier 1er fédéral Maine et Loire, Gérard Poujade 1er fédéral Tarn, Ghislain Descazeaux 1er fédéral du Tarn et Garonne, Mao Péninou adjoint au maire de Paris, Jérôme Sturla Conseiller Général du Rhône, Maxime Des Gayets adjoint au maire du 2ème arrondissement, Benjamin Ménard, Secrétaire de la section de Trappes…

Pour signer l'appel : http://www.changeonsdair.net/


Publicité
1 2 3 4 5 6 7 > >>
Publicité
Un Monde d'avance Rhône
Derniers commentaires
Publicité