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Un Monde d'avance Rhône
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18 août 2009

La lutte des déclassés, une nouvelle lutte des classes!

En cette période agitée, où le PS et la gauche en générale, cherchent à repenser leur vision de la société, il apparait utile de publier les contributions qui permettent de faire vivre le débat. Fidèle à sa démarche de débat sur le fond des idées, le blog de Un Monde d'avance Rhône va publier des textes de responsables et militants socialistes qui peuvent contribuer à la réflexion de tous.


Le déclassement, c’est le sentiment pour une génération de vivre moins bien que celle de ses parents. Ce phénomène concernerait le quart des trentenaires et des quadragénaires. Et il s’est intensifié ces dernières années: c’était à peine 18% au début des années 80! Ce processus, avec la crise, menace de toucher encore plus fortement les jeunes qui arrivent aujourd’hui sur le marché du travail. Le déclassement s’amplifierait, génération après génération et s’aggraverait à mesure que se distendrait le lien entre le diplôme obtenu et la position sociale attendue.

Le déclassement serait à la fois salarial (un salaire moindre), statutaire (une précarité plus grande), social (un métier moins reconnu) et même résidentiel (un logement moins spacieux et plus cher).

Difficile de mesurer une telle réalité. Le sociologue Camille Peugny s’y est essayé. Et son constat est aussi remarquable qu’implacable: la mobilité sociale s’est détériorée à partir de la génération née au début des années 60. Pour les enfants d’ouvriers, les trajectoires vers les emplois d’encadrement sont plus rares et pour les enfants de cadres, les processus descendants sont plus nombreux. Un fils de cadres sur quatre et une fille sur trois occupe un emploi d’exécution. Camille Peugny relève avec acuité la frustration née de la dévalorisation du diplôme puisque les «déclassés» qui ont fait des études longues sont incapables de maintenir la situation sociale acquise par leurs parents à qualification inférieure.

Un rapport officiel remis au gouvernement [PDF] début juillet nuance ce tableau et relativise l’exposition quant aux risques de déclassement par des données plus rassurantes sur le décrochage social. Mais il confirme l’ampleur de la surqualification dans la fonction publique - les deux tiers des jeunes recrutés sont titulaires d’un diplôme supérieur à celui normalement requis pour passer le concours - et la paupérisation du baccalauréat — seuls 22% des bacheliers atteignent une profession intermédiaire, ils étaient 70% au début des années 60.

Au delà de ces controverses statistiques, le déclassement est une perception, un ressenti, une frustration. Et il va bien au delà de la position sociale. Ainsi, une majorité des Français considèrent que sur 10 ans, leur niveau de vie s’est dégradé, par l’ampleur des dépenses contraintes, et que leurs conditions de logement se sont détériorées, ils y consacrent plus de 20% de leurs revenus (contre 18% en 1984).

Dans cette France «insécure», la lutte contre le déclassement est devenu un objectif individuel qui faute d’être atteint peut dégénérer en colère ou en repli. Il revient donc dans une perspective de «démocratie de la réussite» fondée sur le progrès et l’égalité d’en faire une priorité politique qui pourrait s’articuler autour de plusieurs réformes:

- le fonctionnement de l’enseignement supérieur en rapprochant grandes écoles et universités et en améliorant l’orientation vers les filières scientifiques et professionnelles

- le développement de la formation continue qui doit être un facteur de mobilité sociale et de compensation pour ceux qui ont fait des études courtes

- l’accession à la propriété qui doit être facilitée par des mécanismes de prêts à taux zéro et des politiques locales de réserves foncières et d’offres de logements

- la solidarité intergénérationnelle : notamment celle du baby boom qui aura bénéficié à la fois de la croissance, de la valorisation de son patrimoine et d’un niveau satisfaisant de retraites

- la progressivité de l’impôt sur le revenu et l’efficacité de la redistribution, notamment en faveur des familles.

Prenons garde au «déclassement» s’il venait à être vécu par une majorité de la société française. Loin d’être un stimulant pour la justice et pour la solidarité, il déboucherait sur une compétition exacerbée entre les classes moyennes et les classes populaires, sous les yeux indifférents des plus favorisés. Bref, une nouvelle lutte des classes mais entre déclassés.

Contribution de François Hollande publiée sur http://www.francoishollande.fr

 

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